La race Holstein a été sélectionnée pour sa bonne capacité d’ingestion, son haut potentiel de production laitière et sa facilité de traite. Elle est donc adaptée à un système d’élevage intensif. Pourtant, certains éleveurs restent frileux à faire vêler leurs animaux pour la première fois à 24 mois, et ce, bien que de nombreuses génisses Holstein présentent un développement corporel suffisant pour être inséminées dès 15 mois (d’après des enquêtes en fermes). Dès lors, existe-t-il un intérêt à retarder le 1er vêlage ?
Afin de répondre à ces questions, le CRA-W a mis en relation les données de production individuelle de plus de 400.000 animaux de race Holstein, inscrits au contrôle laitier, avec leur âge au premier vêlage (source des données : AWE). Ces animaux ont réalisé leur premier vêlage entre 1990 et 2010.
Le principal enseignement de l’étude est qu’un premier vêlage entre 22 et 26 mois est optimal pour la production laitière. Cela s’observe en première et seconde lactations mais aussi sur la production laitière totale de l’animal (production viagère). A l’inverse, un animal qui vêle entre 18 et 22 mois et qui présente un développement corporel insuffisant, aura en toute logique une moindre production en première lactation.
L’analyse des données viagères montrent qu’un vêlage à 2 ans en moyenne permet de maximiser le nombre de lactations. Ces animaux ne sont pas ceux qui ont la meilleure longévité globale, mais bien la meilleure longévité productive (nombre de jours en lactation). Les animaux produisent du lait plus longtemps, ce qui se marque par une production de lait par jour de vie maximisée.
Tableau 1. Incidence de la classe d’âge au premier vêlage sur les performances zootechniques des génisses laitières en Région wallonne ayant vêlé une première fois entre 1990 et 2010
a,b,c,d,e,f Les valeurs qui n’ont pas une lettre semblable en exposant sont significativement différentes (P < 0.05)
Une autre conclusion de l’étude est qu’en moyenne, 26% des animaux sont réformés durant ou à l’issue de leur première lactation. Ces animaux réformés précocement occasionnent une perte financière directe pour l’éleveur sachant que la production laitière est alors insuffisante que pour assurer le retour sur investissement de la phase d’élevage.
Figure 1. Evolution de l’ingestion de protéines brutes nécessaire pour satisfaire les besoins d’entretien et de croissance des génisses laitières
Outre l’impact économique, il faut également noter qu’un animal pour lequel le vêlage est retardé ingèrera plus de nourriture avant de produire son premier litre de lait. La figure 1 montre ainsi qu’une génisse vêlant une première fois à 30 mois ingère 330 kg de protéines de plus avant de vêler qu’un animal vêlant à 24 mois, ce qui correspond à +/- 2 tonnes d’aliments. L’impact en terme d’efficience alimentaire et protéique n’est donc pas négligeable.
En conclusion, retarder le vêlage des génisses laitières de race Holstein génère une double perte, en occasionnant d’une part une moindre valorisation des aliments lors de la phase d’élevage, mais en engendrant aussi de moindre performances laitières lors de leur carrière productive. Cette double perte a des répercussions tant financière (coût de l’aliment, moindre efficience alimentaire) qu’environnementale (plus de rejets, tant azotés que de méthane, par litre de lait produit). Inséminer les génisses au bon moment, en fonction de leur développement corporel, est donc de première importance. L’outil Opticroît disponible en ligne (http://www.cra.wallonie.be/fr/outil-opticroit), peut vous aider à vérifier si vos animaux peuvent prétendre à un vêlage à 24 mois sur base de la mesure du périmètre thoracique des génisses Holstein.
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L’étude complète (en anglais) concernant l’incidence de l’âge au premier vêlage sur la production laitière des animaux.