Les boiteries, un mal à ne pas négliger!

La boiterie figure au troisième rang des pathologies les plus fréquemment rencontrées chez la vache laitière, après les mammites et l’infertilité. Elle a comme origine principale des lésions du pied qui touchent préférentiellement les onglons postérieurs. Ces lésions constituent par leur fréquence et leur impact économique une part très importante des problèmes sanitaires rencontrés en élevage laitier.

Un seuil : maximum 15% des vaches
D’origine multifactorielle, les troubles de la locomotion chez les vaches laitières entrainent une diminution de leur ingestion qui se répercute ensuite sur la production de lait et pénalisent la rentabilité de l’exploitation. C’est pourquoi, l’éleveur doit privilégier les actions préventives (parage, pédiluve) et rechercher les causes favorisant les boiteries. Si plus de 15 % des vaches présente des signes de troubles locomoteurs, un traitement collectif du troupeau s’avèrera nécessaire.


Un suivi dans huit fermes et sur le troupeau du CRA-W
En 2012, une étude réalisée par le Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W), s’est intéressée à la prévalence des signes de boiteries au sein de huit fermes wallonnes par le biais d’une enquête et de l’observation de la locomotion des animaux (via une grille de notation de la motricité1). Ces exploitations, issues du réseau de fermes pilotes du projet INTERREG DAIRYMAN, étaient réparties dans quatre groupes. Trois incluaient du pâturage, avec soit stabulation libre paillée, soit logettes caillebotis ou encore pâturage avec robot tandis que le quatrième était en confinement total (avec robot). Parallèlement, un suivi de l’occurrence des lésions des onglons postérieurs a été mené sur le troupeau du CRA-W au moment du parage (réalisé courant novembre). Ce troupeau était scindé en deux : une partie en confinement total (CT) et l’autre en pâturage maximum (MP). Un score de motricité a aussi été appliqué sur les deux lots de vaches.

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La grille de motricité reporte sous forme de score l’aisance au déplacement de chaque vache du troupeau. Les notes vont de 1 (motricité normale) à 5 (gravement boiteuse). Les notes de 2 et de 3 indiquent une boiterie sub-clinique et les notes de 4 et 5, une boiterie clinique. Idéalement, il faut qu’il y ait minimum 65 % des vaches du troupeau avec une note de 1, maximum 3 % avec une note de 4 et les vaches avec des notes de 5 doivent être isolées et traitées.

L’impact positif du pâturage et des stratégies de désinfection
Malgré le nombre limité de fermes enquêtées, certaines tendances peuvent se dessiner, en particulier pour le groupe « confinement total » qui se démarque des autres groupes. Par simplification, les trois groupes avec accès au pâturage sont repris sous la dénomination « pâturage » du fait de leurs scores de motricité fort proches.

Les observations de locomotion montrent que les vaches en confinement total ont un score de motricité moyen plus élevé que celles ayant accès l’herbe (2,0 en confinement vs 1,6 au pâturage). Les vaches en confinement total seraient donc plus sujettes aux problèmes de locomotion (figure 1). boiterie_fig1.JPG

Figure 1 : Résultats en ferme : Notes de motricité des groupes avec pâturage et en zéro-pâturage  


Dans ces exploitations, le parage était le plus souvent effectué en curatif. Toutefois, le fait de passer de 1 à 2 parages par an permet d’améliorer la note de motricité. Il en va de même pour les stratégies de désinfection (pédiluve ou pulvérisation en salle de traite) qui sont mises en œuvre lorsque le problème des boiteries se pose (2/3 des éleveurs concernés). Le pédiluve semble donner de meilleurs résultats pour un traitement collectif. En cas de fréquence de boiteries faible, un traitement individuel peut être envisagé.


Une tendance confirmée en expérimentation
D’après les résultats obtenus sur le troupeau du CRA-W (figure 2), le confinement total génère davantage de troubles de motricité que le pâturage ce qui conforte les observations réalisées en ferme. En confinement, les animaux qui présentent des problèmes de lésions au niveau des pieds sont deux fois plus nombreux que ceux ayant accès aux pâtures (28% vs 13%). Outre le nombre de cas relevés, l’origine de la lésion (causes infectieuse ou mécanique) semble aussi influencée par le mode de conduite. Les lésions de nature infectieuse sont présentes dans les deux lots mais celui conduit en confinement total présente davantage de lésions de nature non infectieuse (figure 3).

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Figure 2 : Résultats du troupeau du CRA-W : Notes de motricité des lots Confinement Total (CT) et Maximisation du Pâturage (MP)  

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Figure 3 : Prévalence des lésions aux onglons postérieurs des vaches selon le mode de conduite (CT vs MP) et leurs origines

Comment s’en prémunir?
Cette pathologie touche tous les systèmes laitiers, même si certains sont plus sensibles que d’autres. Il importe donc d’être vigilant. Plusieurs mesures doivent être envisagées. En premier lieu, la prévention reste primordiale (parage régulier et pédiluve). Ensuite, un suivi rigoureux de votre troupeau, basé sur l’observation de la démarche et de la posture des animaux, vous permettra un dépistage précoce pour un traitement rapide et efficace. Enfin, il faut aussi agir sur les causes. Dans ce cas, il peut être utile de faire appel à son vétérinaire pour diagnostiquer les facteurs à risque de son exploitation grâce à un audit de boiterie.


Plus d’infos

>> Lisez l'article "Les boiteries, reflets de la viabilité du système de production"


Contacts CRA-W

Pierre Rondia - p.rondia@cra.wallonie.be
Virginie Decruyenaere - v.decruyenaere@cra.wallonie.be






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Pierre Rondia (CRA-W)

Publicatiedatum / Date de publication 17/01/2019
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