Des producteurs de lait flamand et wallon en visite chez leurs collègues français

PROTECOW cherche à aider les producteurs laitiers de la zone frontalière à améliorer leurs résultats techniques et économiques. Pour atteindre cet objectif, les partenaires du projet organisent chaque année un voyage dans l'une des régions participantes. Cette année, environ 50 producteurs laitiers wallons et flamands ont rendu visite à deux autres producteurs laitiers d’avant-garde en France.     

    

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Photo de groupe des partenaires du projet et des producteurs laitiers participants au voyage dans l’étable de Marie et Cédric Wyart.  

>> Voir le reportage photo complet de ce voyage d'étude
   

Marie en Cédric Wyart traitent 100 vaches à Noordpeene     

Marie et Cédric ont délibérément choisi deux robots de traite De Laval à circuit forcé "Feed first". Cédric explique : « Nous avons opté pour une installation De Laval parce que le circuit forcé était une nécessité. Après chaque repas, les animaux passent par la porte de sélection, qui les envoie éventuellement au robot de traite. Nous avons défini le choix des barrières de manière à ce que les vaches qui n’ont pas été traites depuis longtemps entrent dans la salle d’attente entre 8 heures et 10 heures. Entre 10 heures et midi, nous visons les vaches qui n’ont pas été traites depuis au moins 8 heures et après 12 heures, nous utilisons à nouveau les réglages standards. De cette manière, nous garantissons des traites suffisantes pour toutes les vaches et, de ce fait, une production de lait accrue ».

 

Atteindre des objectifs clairs: 100-100-100-SANS  
 

Ensemble avec Thomas Banquart, le conseiller d'Avenir Conseil Elevage, Marie et Cédric ont défini des objectifs clairs. Le plus important est d’atteindre l’objectif 100-100-100-SANS, qui vise l’optimisation économique de l’atelier. Cette ambition se reflète dans plusieurs groupes de discussion de producteurs laitiers français, qui créent une émulation grâce à des échanges de conseils et d’expériences.      

Tableau 1. Définition de l'objectif 100 – 100 – 100 – SANS     

100un coût alimentaire de 100 euro par 1000 litres de lait
100100 g de concentré par litre
100100 quintaux de production annuelle par vache (lait à 7%)
SANSsans VL de production

Marie et Cédric n'atteignent pas encore pleinement cet objectif, mais leurs chiffres montrent une évolution positive (Tableau 2). Ils ont pu récolter du maïs avec un minimum de 34% de matière sèche afin de garantir une quantité suffisante d'amidon résistant (semis du maïs précédent). Un ensilage d’herbe de qualité a été ajouté à la ration (3 à 4 kg de matière sèche), les cultures intermédiaires (printemps et automne) ont été mieux valorisées et la proportion de pulpes surpressées dans la ration a été portée à 3 kg de matière sèche par vache et par jour. Le tableau ci-dessous montre l'évolution des trois dernières années. Le coût de l'alimentation par 1000 litres de lait est actuellement de 107 €.
    

Tableau 2. Evolution de l'objectif 100-100-100-SANS de l'élevage de Marie et Cédric Wyart     

2016-20172017-20182018-2019
Quantité de concentré/VL163114431340
Quantité de concentré/litre170160150
TB39,641,942,6
TP*33,233,533,7

*En France, on détermine le Taux Protéique du lait, alors qu'en Belgique il s’agit du Taux Azoté (qui prend en compte les protéines et l’ANP (Azote Non Protéique) contenus dans le lait. Il n’existe pas de formule de conversion exacte entre le taux azoté et le taux protéique car l’ANP est variable dans le lait. En règle générale, on considère que le taux azoté est égal au taux protéique + 1.5 °.  

Pour atteindre 10 000 kg de lait par vache et par an, le début de la lactation est particulièrement surveillé au travers de deux critères simples :

  • Le taux protéique du lait des vaches et génisses vêlées de moins de 100 jours doit être supérieur à 3 %.
  • 85 % des résultats de ces même animaux doivent être sains en acétonémie . La mesure se fait grâce à l’analyse des corps cétoniques présents dans le lait sur des échantillons individuels.

Si l'un de ces critères dérive, une consultation avec les conseillers d’Avenir Conseil Elevage cherchera des points d'amélioration de la ration des taries ou de la ration des animaux en lactation. De cette façon, des ajustements peuvent être faits si nécessaire.

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Photo: Les producteurs laitiers flamands et wallons écoutent les explications sur le circuit forcé du robot de l'exploitation laitière de Marie et Cédric Wyart à Noordpeene.
   

Thérèse et Jean-Bernard Ronckier: des pionniers à Killem, juste de l'autre côté de la frontière franco-belge  

Les origines de cette exploitation remontent à 1860, avec une ferme avant-gardiste de 31 hectares sur laquelle 2 786 mètres de fossés ont été enlevés et remplacés par un système de drainage. Les générations suivantes, Thérèse et Jean-Bernard en tête, ont également innové en termes de : 

  • Traite
  • Récupération des eaux usées via 3 hectares de bois à courte rotation
  • Production d’énergie alternative via un système de bio-incinération

Thérèse, Jean-Bernard et six employés transforment le lait en beurre, en yaourts, en desserts glacés et en un certain nombre de produits régionaux tels que le "fromage de Bergues" ou encore "Le palet de Killem ».

 

La consommation d'herbe fraîche est un facteur important dans la qualité et le goût du fromage fermier. 

Benoît Verriele, conseiller chez ACE, explique : « Déjà en février ou au plus tard en mars, Jean-Bernard commence à fournir de l'herbe fraîche avec sa propre remorque auto-chargeuse. L'herbe fraîche est également fournie de la même manière à l'automne, jusqu'en novembre. Le pâturage a lieu entre la mi-mars et la mi-octobre et est organisé de manière à ce que les animaux consomment 8 kg MS d'herbe par jour. Les vaches restent au maximum 1 à 2 jours sur l’une des 20 parcelles (d’une superficie de 1 à 1,4 ha). Chaque parcelle a son propre accès et son alimentation en eau séparée. 

La croissance de l'herbe est contrôlée sur toutes les parcelles chaque semaine à l'aide d’un herbomètre. Suivant les hauteurs d’herbe, les parcelles seront ….  

  • Pâturées entre 6 et 14 cm
  • Ramassées avec la remorque auto-chargeuse, entre 15 et 20 cm,
  • Fauchées et enrubannées, si plus de 20 cm

En outre, l'agriculteur dispose également d'un certain nombre de parcelles avec des espèces qui poussent l’été (Dactyle et fétuque) afin de garantir l’apport d’herbe fraiche, même pendant les périodes sèches. 

Une croissance de 2 cm par semaine signifie 440 kg de MS par ha ou 62,8 kg de MS par ha et par jour! 

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Photo: un herbomètre pour mesurer la croissance de l'herbe chaque semaine sur les 20 parcelles de Thérèse et Jean-Bernard Ronckier à Killem.
    

Fertilisation de la prairie  

Jusqu'à trente pour cent du fumier de ferme est composté à la ferme même
. Pour cela, le fumier est stocké sous une bâche et aéré deux fois à des intervalles de trois à quatre semaines. Le compostage est réussi si le fumier atteint une température de 65 ° C pendant au moins 15 jours. Cela doit être vérifié attentivement. Parfois, un cycle supplémentaire d'aération et de compostage est nécessaire. Une fois le compostage réussi, vous pouvez l’appliquer directement sur les prairies.

Le compost est épandu sur les prairies et permet de couvrir une partie de la fertilisation azotée mais aussi d’apporter d’autres éléments minéraux comme le potassium notamment. Ce mode de fertilisation organique ne nuit pas à l’appétence de l’herbe, le compost n'a pas de mauvaise odeur ni de goût par rapport au fumier. Il convient également d’analyser l'herbe (analyses foliaires) pour voir s'il y a une carence en phosphore ou potassium.  

La fertilisation est en partie organique et en partie minérale par l’apport d’un engrais composé (11-9-24 + soufre) et par de l’ammonitrate selon le tableau ci-dessous : 

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Energie renouvelable et récupération d'eau  

Les eaux usées provenant de la traite sont acheminées via un système de canalisations vers une parcelle de 3 ha de bois à courte rotation, et épurées de cette manière. L'irrigation produit de 10 à 12 tonnes de bois par an, une parcelle étant récoltée tous les trois ans. Cela se fait via une machine spécialement équipée qui le compresse directement en balles. Ces balles peuvent sécher davantage, car l’air circule très bien entre les tiges ligneuses. Après 3 à 4 mois, une telle "balle de bois" peut être brûlée dans le bio-incinérateur. Produire une balle coûte 14 euros, son poids total est de 200 kg, ce qui permet de produire autant d’énergie que 80 litres de mazout.

Le four est semblable à une chaudière à eau. Il commence par atteindre 400 degrés, puis le gaz produit est brûlé à des températures allant jusqu'à 1000 ° C. L'eau du réservoir existant est chauffée à 80 ° C via un échangeur de chaleur et acheminée vers les différents bâtiments de la ferme. Pour fournir l'énergie nécessaire, deux balles sont utilisées par jour. Les éleveurs utilisent également des copeaux de bois (très coûteux) ou des déchets provenant d’une usine de lin située à proximité.      

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Photo : une « balle de bois » (à gauche) de bois court brulée dans le bio-incinérateur (à droite). A côté du four se trouve un réservoir d’eau chauffée à 80°C par l’incinération. L’eau chaude est ensuite envoyée sous terre aux différents bâtiments de la ferme.   

>> Voir le reportage photo complet de ce voyage d'étude      

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Photo : 25 producteurs laitiers flamands et 25 producteurs laitiers wallons écoutent attentivement la présentation des élevages Wyart et Ronckier. Ils ont ensuite visité les fermes laitières pour voir comment les choses se passaient dans la pratique.
  

     

Plus d'infos 

Benoît Verriele - b.verriele@a-cel.fr

Lise Boulet - l.boulet@cra.wallonie.be

     
Voor meer info / Plus d’infos
Benoît Verriele (ACE)
Lise Boulet (CRA-W)

Publicatiedatum / Date de publication 11/06/2019
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